La société France Election distribue les machines Nedap qui sont les plus utilisées en France.

Un des ingénieurs de cette société publie un article dans le Journal du Net où il vante les bienfaits de sa solution. Faisant fi des arguments de Roberto Di Cosmo paru dans ce même journal il y a quelques jours (et commentés sur ce blog), il assène quelques contre-vérités.

Je vous invite à lire cet article
Trop de catastrophisme autour des machines à voter
et vous propose de décortiquer certains propos qui y sont tenus.

Voyons voir ...

on oublie souvent la raison principale de l'utilisation des machines à voter : obtenir un résultat exact dans un délai raisonnable.

L'argument principal avancé par la mairie de Voreppe est beaucoup plus terre à terre, faire des économies. Bien sûr ce n'est pas le cas comme souligné par l'opposition.

Mais qu'en est il de cet argument ? un délai raisonnable ? C'est quoi ? et pourquoi faire ? Être devant la télé pour voir les estimations du 20 H ?
Nous votons pour une personne élue 5 ans. En quoi avons nous besoin d'avoir le résultat à 20h15 plutôt que 21h30 ?

Mais le "obtenir un résultat exact" prête encore plus à sourire.
Encore heureux que l'on veuille un résultat exact. Un dépouillement manuel, exercé par les citoyens, aussi vise un résultat exact. Et croyez moi ou non, on a toujours pu l'obtenir. Par contre, les cas sont nombreux où ces ordinateurs de vote montrent leurs failles, eux.

De plus, qu'est ce qui garanti à l'électeur que le résultat est exact ? parce que la machine le dit ? Ben voyons ...

... plus besoin de scrutateurs que les membres des bureaux de vote ont de plus en plus de mal à trouver, d'ailleurs

Là c'est le serpent qui se mord la queue. A Voreppe, il n'y a eu aucune démarche de la part de la municipalité pour appeler les citoyens pour le dépouillement qui nécessitait leur aide. Une bien heureuse coïncidence puisque les machines, achetées sans concertation, vont pouvoir compter éditer un ticket de caisse invérifiable à leur place.

Je suis allé au simulacre de dépouillement le soir du premier tour. Là où la salle était habituellement remplie de citoyens lors des précédentes élections auxquelles j'ai assisté depuis 20 ans, il n'y avait plus que 5 personnes en dehors des membres du bureau. Le danger est bien là : désintérêt du citoyen qui finira par s'étendre au geste de voter lui-même et abandon de son devoir de contrôle.

Il est vrai que quand le constructeur nous dit

Une machine est totalement neutre. Chaque électeur peut donc être rassuré vis-à-vis de la bonne prise en compte de son vote.

C'est partir d'un postulat faux. Un ordinateur n'est absolument pas neutre. Il est programmé, paramétré, manipulé.
Tellement pas neutre qu'il a besoin d'être audité et certifié par un organisme de contrôle comme nous le verrons ci-après.

Et même si il l'était, totalement neutre, quel argument est encore avancé ? Ayez confiance

celles-ci sont plus fiables et plus sûres que le vote papier.

Comment le prouver à chaque élection ? Comment me prouver que les voix exprimées sont effectivement celles choisies par les électeurs ? C'est impossible.

Parlant des détracteurs des ordinateurs de vote

Ils dénigrent en permanence les procédures d'agrément alors que celles-ci permettent de garantir le bon fonctionnement des machines à voter

C'est donc reconnaitre qu'elle peuvent ne pas bien fonctionner. Ca tombe bien c'est justement notre doute, confirmé par les nombreux exemples de ratés, notamment aux Etats-Unis.

Le Bureau Véritas, qui a agréé notre modèle de machine à voter NEDAP ESF1, a même eu accès au code source de la machine à voter. Ceux qui réclament des logiciels libres veulent placer les informaticiens dans une situation dominante vis-à-vis des autres citoyens, ce qui serait anti-démocratique.

Nous voyons dans cette phrase que, enfin, il est reconnu que nous avons affaire à des ordinateurs puisque l'on parle de logiciel. Donc le terme machines à voter, datant de 1969, est impropre. Monsieur le Maire de Voreppe, que ne vous l'ai-je dit à maintes reprises ?

Fervent défenseur des logiciels libres, je suis entièrement d'accord avec le fait qu'ouvrir le code source ne sert à rien et n'est absolument pas l'objet de la remise en cause des ordinateurs de vote. Roberto Di Cosmo l'exprime très bien. Une élection est pour tous les Citoyens pas pour une caste quelqu'elle soit !!

Mais quel cynisme !!

La vérification du programme est donné au bureau Véritas, entreprise privée dont les intérêts premiers ne sont pas forcement ceux de tous les citoyens. Notons que l'État n'y a pas accès de manière officielle.

Qui donne des privilèges au détriment des autres citoyens ? Assurément pas les tenants du vote transparent !

Donc l'État lui-même, bien que comptant de nombreux informaticiens hors-pair, n'a pas accès au programme qui va décider de son sort, notre sort ? Mais dans ce cas ...

L'Etat est le seul garant du bon fonctionnement des institutions.

Euuh, on m'explique là ? Encore du Ayez Confiance ?

Et lorsque l'Etat met en place des procédures d'agrément ou de certification
...
il faut que les gens aient confiance en ces procédures de certification, sinon nos démocraties deviendront ingouvernables.

Mais il est vrai que l'expression bruyante du doute citoyen est dérangeante. Au moins, en dictature les gens se taisent puisqu'ils ont confiance. Je conseille pour la tranquillité des vendeurs et promoteurs des ordinateurs de vote de prendre contact avec la Chine (entre autres pays des non-droits de l'homme et du citoyen).
Il y a un marché à prendre ....

Au delà, avoir confiance, c'est donner un chèque en blanc à nos élus. Une fois en place, il devient alors très facile de changer la certification ou de changer le programme de la machine ... sans aucune trace.

Quitte à avoir confiance, j'invite tous mes concitoyens à écrire à leur Maire, au Ministre de l'Intérieur ou au Bureau Veritas et leur indiquer quel bulletin enregistrer à leur place pour les prochaines élections. On en revient à notre affable rencontre et délégation de responsabilité.
P'tet ben qu'si, p'tet ben qu'non.
Mais, Ayons confiance

Bien sur, n'en faites rien !!!

Aujourd'hui, les opposants aux machines à voter tentent de jeter le discrédit sur ce fonctionnement.

OUI, et je le revendique

Je mets au défi l'auteur de l'article de discréditer auprès de tout citoyen la procédure de vote par isoloir, urne transparente, dépouillement public et colégial.

La machine à voter NEDAP ESF1 remplace avantageusement le vote papier, aussi bien en termes d'allègement de la charge de travail (et donc de coût), que de facilité d'utilisation (de nombreuses personnes âgées disent que c'est plus simple que le vote papier !), que de précision dans les résultats.

Notons la publicité ... Tiens, La Nedap ESF1, c'est pas celle qui a été certifiée le 14 avril, soit 8 jours avant les élections. Ca a été juste Messieurs ... J.O n° 88 du 14 avril 2007 page 6848 - texte n° 114

Plusieurs points :
  • Allègement de la charge de travail et cout : comment le prouver ? Quelle est la part des citoyens volontaires dans ce calcul ?
  • De nombreuses personnes âgées disent que c'est plus simple que le vote papier : Ceci contredit plusieurs expériences scientifiques et constat de nombreux membres de bureaux à Voreppe comme à Voiron.
    Et les autres, agés ou non, qui ont eut des difficultés ? La démocratie ce n'est pas de nombreuses personnes, mais toutes les personnes.
  • précision dans les résultats : Là encore, prou-vez-le ! C'est structurellement impossible le jour de l'élection. Il n'y a aucune procédure contradictoire de vérification du résultat. Un essai la veille ne prouve absolument rien au citoyen ni même aux témoins de cet essai d'ailleurs.

Et voilà enfin la conclusion, édifiante

La problématique électorale est complexe, il serait intéressant de demander leur avis à ceux qui la maitrisent : les responsables d'organisation des élections.

La problématique électorale est connue : secret du vote, indépendance des citoyens, vérifiabilité de la sincérité du scrutin par ceux-ci.

Elle est tellement complexe cette problématique, qu'elle est expliquée à mes enfants à l'école primaire !!!

Mais, informaticien, il est effectivement concevable que cette problématique soit difficile à modéliser du fait des contraintes imposées et contradictoires avec la nature de l'outil.

Encore du ayez confiance ...

Citoyens, dormez brave gens. Vos élus maitrisent tout
Tellement, que vous ne maitrisez plus rien


Ferriez-vous confiance à un des candidats de l'élection pour aller dépouiller dans son coin et proclamer le résultat sans possibilité de contrôle.
Cela ressemble pourtant fortement à ce que nous proposent nos maires en charge de l'organisation des élections et qui se réfugient derrière l'autorisation de la loi pour se dédouaner ...

Au moins, l'urne transparente et des bulletins papiers nous permettent de contrôler et d'être sur de la sincérité du scrutin

Mais c'est moins High-Tech, c'est sûr ...