Comme après chaque élection, le conseil constitutionnel, en proclamant les résultats, nous donne toujours des remarques et commentaires sur leur déroulement.

Bilan technique du second tour et décision de proclamation

Je vous invite à lire le document complet concernant les ordinateurs de vote, la fin est du petit lait !!

Je reproduis des morceaux de cette section (les emphase en gras sont de mon cru) en les commentant.

4) Les machines à voter ont, dans l'ensemble, mieux fonctionné (ou été mieux utilisées) qu'au premier tour.

Mieux utilisées. Oui, c'est bien le terme . Rien ne permet d'affirmer qu'elles ont mieux fonctionné puisque leurs résultats sont invérifiables.

Un léger incident est toutefois à déplorer dans le bureau n° 3 de Marignane (Bouches-du-Rhône) où l'impression des résultats s'est révélée illisible par mauvais fonctionnement de l'imprimante (et, pour être précis, de son tampon encreur). Le bureau de vote en cause (dont la composition était heureusement pluraliste) s'est vu dans l'obligation de relever manuellement les résultats affichés à l'écran. Au demeurant, le procédé n'est pas irrégulier au regard de l'article L. 57-1 du code électoral.

Qu'est ce à dire ? on émet une procédure mais si elle n'est pas respectée, ben c'est pas grave ?

Les délais d'attente imputables aux machines à voter ont été sensiblement moindres qu'au premier tour.

Les files d'attente qui ont pu être créées par une première utilisation de ces machines au premier tour n'ont plus guère été constatées au second tour : les bureaux de vote s'étaient organisés ; l'apprentissage s'était réalisé.

Oui, les leçons ont été tirées. Mais cela n'a pas empêché des personnes d'éprouver de grandes difficultés, de très grandes difficultés incompatibles avec le sérénité du scrutin.

Je note également cette phrase, très inquiétante : l'apprentissage s'était réalisé. Apprentissage ? Comme le chien de Pavlov ?

L'expérience des bureaux de vote de Reims est à cet égard illustrative. Ainsi, aucun incident notable n'est à rapporter dans la centaine de bureaux de vote de cette ville, où le vote électronique avait entrainé retards et mécontentements lors du premier tour.

Que des retards et mécontentements ? Et qu'en est il de Reims, où un bureau, au premier tour, a eu près de 5% d'écart entre les émargements et le chiffres donnés par la machine ?
Nous l'avons alors échappée belle à Voreppe, on a réussi à recompter juste, nous (merci aux membres du bureau). A moins que les machines Nedap ne soient pas aussi fiables que les iVotronic .... meuuh non !

A plus long terme, deux solutions sont concevables pour prévenir de tels embouteillages :

- à droit constant, créer plus de bureaux de vote (un pour 300 inscrits) en conservant une machine à voter par bureau et l'assimilation « une machine à voter = une urne = un isoloir » ;
- mettre en réseau une grappe de machines connectées entre elles au sein du même bureau de vote, mais non à l'extérieur de ce bureau, et regarder ce réseau local comme une seule urne électronique.

J'en vois un troisième, efficace elle : Revenir à l'urne transparente, à l'isoloir et au dépouillement citoyen.

Le premier point revient à la sagesse du législateur de l'article L62 du code électoral. Un isoloir pour 300 pour permettre à plusieurs personnes de voter en parallèle.

Pour ce qui est de la grappe de machine ? on les mets où les fils ? On passe en WiFi ?

Mais attendez !! Economies qu'ils disaient ?

A Voreppe, le bureau N°5 comporte environ 1050 inscrits, ce qui amène à avoir 4 bureaux au lieu d'un. Ce qui implique 4 fois plus de présidents et assesseurs, et surtout 4 fois plus de d'ordinateurs. Les vendeurs d'iVotronic vont être contents, malgré leur rejet en Floride. Leur recyclage est assuré. Pour ce qui est du fabricant Nedap équipant la majorité des bureaux de vote en France, dont Voiron, je pense qu'il sera également sensible à l'argument.

Maintenant, à 5000 € la machine, le contribuable risque d'être moins heureux si on lui multiplie par 4 la facture.

Dès avant le premier tour, le Conseil constitutionnel a publié un communiqué rappelant que les machines à voter présentaient toutes garanties contre les détournements et les fraudes et mettant en garde contre la hantise irrationnelle de leur dévoiement.

D'où vient alors la persistance des réticences constatées au second tour ?

C'est ce communiqué que le Maire de Voreppe à brandi en réponse à un courrier. Il y avait tellement toutes les garanties que les machines iVotronic ont été changées à 8 jours du premier tour et les machines Nedap ne semblent pas remplir tous les critères techniques.

mais, enfin une question pertinente !!!

Certes, l'acharnement déployé dans certains milieux pour jeter le doute sur la crédibilité du vote électronique, suggérer l'existence d'une fraude concertée et inciter au contentieux (des modèles de recours en référé et de réclamations étant diffusés sur Internet) laisse perplexe quant aux mobiles de leurs instigateurs.

Ce n'est pas tant l'existence d'une fraude que sa possibilité indétectable qui était l'objet de cette mobilisation, comme dit dans le billet Ayez confiance, il y a quelques jours.

Notons qu'il n'est pas nécessaire que ces bugs ou autres tricheries soient effectifs ou même possibles. Le doute même que j'exprime vient entacher la sincérité du scrutin.

Il n'en reste pas moins que beaucoup d'électeurs de bonne foi éprouvent eux-aussi un malaise.

Celui-ci semble avoir une cause beaucoup plus psychologique que technique.

Encore un effort en -ique, et on tombera sur le bon mot ... oui, démocratique.

Mais les Sages ont raison, le problème n'est ni financier ni technique mais bien démocratique.

L'usage de l'urne et des bulletins, le dépouillement manuel rendent palpables et familières les opérations électorales. Un contrôle mutuel, visuel, est rendu possible par la présence physique des scrutateurs.

Enfin !!! Joie, Bonheur !! Auraient-ils saisi !!

Allons plus loin : la participation aux opérations qui se déroulent dans un bureau de vote, que l'on soit assesseur, scrutateur ou simple électeur, associe les citoyens à une sorte de liturgie républicaine.

Bon, n'en faites pas trop non plus. Ou bien comme le chante Georges Brassens, nous aurons une tempête.

L'intrusion des machines à voter dépossède les citoyens de tout cela. Elle rend opaque ce qui était visible. Elle leur confisque un sacerdoce partagé. Elle met fin à une « communion citoyenne ». Elle prive le corps électoral de la surveillance collective des opérations dans lesquelles s'incarne le suffrage universel. Elle rompt le lien sensoriel et symbolique que la pratique « manuelle » du vote et du dépouillement avait tissé.

Oui, Oui, Oui ... Enfin .. Monsieur le Maire, que ne vous l'ai-je dit à maintes reprises !!!

N'est-ce pas cela, au fond d'eux-mêmes, que reprochent leurs détracteurs aux machines à voter ? Et si tel est le cas, les apaisements techniques sont vains.

Exactement, comme la majeur partie des informaticiens soutenant l'association Ordinateurs-de-vote.org et qui se demande qui contrôle le vote électronique

Il ne s'agit pas, bien sûr, de condamner l'usage des machines à voter, mais de tenter de comprendre les ressorts profonds et dignes de considération de la résistance qu'elles rencontrent. Dans ce domaine, comme dans tant d'autres, la société contemporaine doit apprendre à mettre en œuvre le progrès sans sacrifier la tradition.

La conclusion n'est hélas pas à la hauteur de l'argumentation !!!

l'association Ordinateurs-de-vote.org a toujours demandé à ce qu'une étude sérieuse soit menée sur le vote électronique comme mentionné sur la pétition en ligne (que je vous invite à signer si ce n'est déjà fait), sans aucun préjugé. Mais surement pas pour conserver une tradition républicaine bicentenaire pour simplement la conserver, mais pour les raisons invoquées plus haut par les Sages et que je reprends en guise de conclusion

L'intrusion des machines à voter dépossède les citoyens de tout cela. Elle rend opaque ce qui était visible. Elle leur confisque un sacerdoce partagé. Elle met fin à une « communion citoyenne ». Elle prive le corps électoral de la surveillance collective des opérations dans lesquelles s'incarne le suffrage universel.

Conseil Constitutionnel - Bilan technique du second tour et décision de proclamation
10 mai 2007


C'est beau .. quand même ....